Comme s'il en pleuvait où comment l'argent peut rendre fou.
Le 13 avril dernier, l'Espace Malraux à Joué-les-Tours recevait deux grands noms du théâtre et du cinéma français ; Pierre Arditi et Evelyne Buyle accompagnés sur scène par deux comédiens tout aussi talentueux : Chick Ortega et Nanou Garcia, pour la représentation de la pièce : Comme s'il en pleuvait, devant un public jovial, heureux d'avoir passé un très grand moment de théâtre. Une comédie hilare concoctée par Sébastien Thierry et mise en scène par l'habile Bernard Murat.
Un soir, Bruno et Laurence, couple de gauche, sans histoires découvre un billet de cent euros sur leur table de salon. Chacun demandant à l'autre si c'est pas lui qui l'aurait perdu. Mais, chaque jour, des billets de plus en plus nombreux surgissent dans l'appartement, comme s'il en pleuvait. Cette situation inhabituelle, absurde pose question au couple : D'où vient cet argent surgit de nulle part ? Est-ce une chance ou une malédiction pour eux ? et surtout ont-ils mérité tout cet argent ? Cet évènement inattendu va ébranler les convictions, les valeurs de ce couple désintéressé par l'argent. Leur quotidien va être bouleversé. Ils vont passer par tous les états : l'affolement, le dégoût et l'excitation. Laurence essaie de résister à cet argent "venu du ciel" en se rattachant à ses valeurs morales, plus importantes à ses yeux, que l'argent. C'est une femme qui garde bien les pieds sur terre, douée d'une certaine sensibilité. Au contraire, Bruno jubile : il va se laisser appâter par tout cet argent qui va le faire sombrer dans la folie.
Ici, Sébastien Thierry nous livre une satire acerbe sur un sujet très moderne : l'argent et les paradoxes de l'être humain. La mise en scène est rondement menée, de mains de maître, par Bernard Murat. La pièce repose sur le burlesque, l'absurde provoquant des fous rires chez le public. Des moments plus sérieux ponctuent ceux plus légers, les répliques désopilantes, voire piquantes entre les deux personnages.
Pierre Arditi, dans le rôle de Bruno, personnage de mauvaise foi, anxieux mais aussi politiquement incorrect, est impayable, irrésistible. Pierre Arditi nous fait du grand Arditi tout au long de la pièce et c'est pour çà qu'on l'aime. Le comédien semble être à l'aise dans la peau de son personnage que l'on pourrait croire écrit pour lui. Evelyne Buyle, Laurence dans la pièce, est étonnante de naturel et se révèle être une excellente partenaire de jeu. Le duo fonctionne à merveille et nous montre une nouvelle palette de leur talent. Nanou Garcia, dans le rôle de la femme de ménage espagnole, affolée et malmenée par Bruno, est épatante. Chick Ortega, dans celui du voisin, Monsieur Trac, colérique est juste désopilant.
La chute de cette satire est assez inattendue et laisse entrevoir les travers de notre société. Comme s'il en pleuvait, une pièce loufoque où l'on rit beaucoup, avec une certaine gêne parfois et qui nous interroge sur notre rapport à l'argent.
Propos recueillis par Nathalie Guimier
Critique : cinéma littérature musique théâtre
Auteure
Crédit photos : Nathalie Guimier
