Thé à la menthe ou t'es citron ? : à consommer sans modération.
Créée en 1991 par Danielle Navarro-Haudecoeur et Patrick Haudecoeur, le metteur en scène et moliérisée en 2011 pour le meilleur spectacle comique ; la pièce Thé à la menthe ou t'es citron ? tient toujours le haut de l'affiche. En tournée, encore pour quelques dates, avec une nouvelle distribution, la pièce était jouée au Centre des Congrès Le Vinci à Tours le 12 avril dernier, devant une salle comble, un public conquis emportant avec lui une dose de bonne humeur.
Reposant sur le principe du théâtre dans le théâtre, la pièce est divisée en deux parties : les répétitions et le soir de la première. Dans la première partie, nous assistons aux répétitions d'une pièce de boulevard, une pièce burlesque, un vaudeville : un cambrioleur, genre Arsène Lupin, s'est introduit chez une dame de la Haute Bourgeoisie, une aristocrate. La pièce est interprétée par une troupe de comédiens calamiteux. A quelques jours de la première, rien ne va, tout par dans tous les sens : la metteure en scène est submergée par les évènements. Sa direction d'acteurs n'est pas au point. Elle doit faire face au narcissisme des comédiens principaux et du valet, qui mettent en péril les séances du travail. La comédienne principale est au bord de la crise de nerfs à cause de Julien, le jeune premier, imposé sur la pièce car il est le fils du producteur. C'est sa première fois sur scène. C'est un personnage naïf, maladroit, timide mais pas méchant au fond. La costumière aux antipodes de ce qu'on lui demande, se trompe tout le temps. Les techniciens sont impassibles, font n'importe quoi. On sent que ce vaudeville un peu foireux, interprété par des comédiens calamiteux court à la catastrophe. C'est ce qui va se passer dans la deuxième partie de la pièce, le soir de la première : quiproquos, gags à gogo, situations impromptues s'enchaînent à un rythme infernal provoquant des fous rires dans la salle, tout au long de la pièce. Délirant ! Rires, humour, tensions, tout va crescendo. Comique de situation, personnages barjots, son, lumière, jeu des acteurs, la mise en scène orchestrée de main de maître par Patrick Haudecoeur ; participent à la réussite de la pièce à la mécanique bien huilée, dont le succès ne s'est jamais démenti depuis vingts ans. La pièce est servie par une distribution excellente : Bernard Fructus reprend le rôle de Julien, auparavant tenu par Patrick Haudecoeur, avec talent, avec brio. Marie Lenoir, Urbain Cancelier, Eliza Maillot, Marina Valleix, Edouard Pretet, Guillaume Laffly habillent leurs personnages de manière efficace, épatante et font de leurs personnages des personnages amusants et attachants.
Thé à la menthe ou t'es citron ? un passeport pour une dose de bonne humeur. A consommer sans modération.
N.athalie Guimier : Vous reprenez le rôle du jeune premier, Julien, tenu auparavant par Patrick Haudecoeur, qui a co-écrit la pièce avec Danielle Haudecoeur et qui en est aussi le metteur en scène. Julien, le jeune premier est imposé sur la pièce car vous êtes le fils du producteur.
Bernard Fructus : Oui, c'est çà. C'est le producteur de la pièce qui l'impose sur le spectacle.
N. G. : Comment le qualifieriez-vous ce jeune premier ?
B. F. : C'est un peu le genre de Gaston Lagaffe. C'est un grand gaffeur. Un garçon naïf qui n'a pas une once de méchanceté. Il est lunaire. C'est le prototype même du gaffeur. Il est sympathique et très inoffensif.
N. G. : L'histoire de la pièce c'est une pièce jouée par une troupe de comédiens un peu calamiteuse.
B. F. : Cà me plaît beaucoup ce terme. C'est exactement çà. C'est une troupe calamiteuse.
N. G. : Cela ne prête pas à rire et pourtant on rit.
B. F. : On rit toujours de ce qui n'est pas drôle. On rit toujours, sur un fonds, en général, du malheur des autres. Les comédiens sont calamiteux, mais ne savent pas qu'ils le sont. Les deux comédiens qu'interprètent Noémie Lenoir et Urbain Cancelier sont soit-disant des professionnels mais ne se remettent pas en cause. Ils sont doués et se permettent tout, mais mal.
N. G. : Parlons un peu de la direction d'acteurs de Patrick Haudecoeur. Comment travaille-t-il avec ses comédiens ?
B. F. : Il est très précis et ne laisse rien passer. C'est une mécanique cette pièce. Quand on touche au burlesque, et tout ; il faut être très précis sinon, la sanction est immédiate. Quand les publics sont disponibles, on le sent tout de suite. Cela doit bien fonctionner. Si çà ne fonctionne pas, c'est que le problème vient de nous.
N. G. : Pensez-vous qu'il y'aura une adaptation de la pièce au cinéma ?
B. F. : Je ne sais pas. Il faudrait demander à Patrick Haudecoeur. Ce n'est pas, pour le moment, à l'ordre du jour.
Propos recueillis par Nathalie Guimier
Critique : cinéma littérature musique théâtre
Auteure
Crédit photos : Nathalie Guimier
